samedi 7 février 2015

SCC4/4 - A PROPOS DU CHARNIER DE FULA-FULA A MALUKU... Lettre ouverte adressée par Vié ba Diamba à son jeune frère, In Koli Jean Bofane, le 22 avril 2015

Cher auteur
Mon frère

Ici, au Luabongo, ça pue l’essence et on n’attend plus que l’étincelle.
Je voudrais profiter d’une légère accalmie pour faire appel à l’expertise du plus célèbre de tes personnages épicés, Célio Matemona, alias Célio Mathématik et lui demander de m’aider à formuler, dans le langage des chiffres, un certain nombre de questions, encore très embrouillées dans ma p’tite tête, que je me pose relativement au charnier découvert dans le cimetière de Fula-Fula, sur la route secondaire reliant Maluku à Menkao. Un charnier parmi tant d’autres en République autocratique du Luabongo…
Et je voudrais aussi, une fois ces questions débrouillées et clairement reformulées par ses soins, que Célio Mathématik m’aide à résoudre chacun des problèmes d’arithmétique, d’espaces ou de superficie, de volumes ou de pourcentages qui auraient ainsi pu être identifiés et qu’il me fournisse un corrigé avec des solutions types, opposables à tout le monde …

Je crois, en effet, que le moment est venu de sortir sa calculette.
Le calme est revenu apparemment dans la ville-duché d’Expo[i] (alias Mboki, lokola "Mboka ya ba ndoki). Le charnier du cimetière de Fula-Fula est presque sorti de l’actualité et le sujet ne tardera pas à disparaître des tablettes.  Les sorciers légataires, administrateurs des « services » et crapuleux directement concernés par l’affaire ont fait le ménage
- Bakombaka esika ya matanga te ?
- Waya !
balayé, purgé les mémoires des ordinateurs, effacé des dossiers, supprimé des données, réglé quelques comptes et nettoyé le site. Ils se sont assemblés en une conjuration de malfaiteurs, le jeudi 9 avril 2015, à partir de 15 heures, sur proposition de l’Administrateur général de l’ex-Agence Nationale de Documentation, au cabinet de travail du procureur général de la République, sis Building INSS, dans la « République de la Gombe » (alias Washington DC), bourg dominant de la ville-duché d'Expo.  Et c’est ainsi qu’ont participé, notamment, à cette réunion discrète (cf, le document daté du 12 avril 2015, intitulé « Rapport sur l’enterrement collectif, le 19 mars 2015, au Cimetière Fula-Fula, dans le bourg autonome de Maluku, des personnes indigentes, inconnues, mort-nées et nouveaux nées abandonnées par leurs familles » établi à la suite de cette réunion, tel que reproduit intégralement dans le bi-hebdomadaire Le Maximum  du mardi 14 avril 2015, dans ses pages 3 et 4) :  le procureur Général de la République autocratique du Luabongo, Ysengrin, l’Administrateur général de l’ex-Agence Nationale de Documentation, le général Gimana, Commissaire général de la Police Nationale Luabongaise, l’Auditeur général des FARAL, le Commissaire Général Adjoint de la Police Nationale Luabongaise en charge de la Police Judiciaire, l’Administrateur  Principal et Chef du Département de la Sécurité Intérieure de l’ex-Agence Nationale de Documentation, le Directeur de l’ex-Agence Nationale de Documentation/Ville-duché d’Expo et le Directeur de la Police Technique et Scientifique de la  Police Nationale Luabongaise. N’étaient pas présents à cette réunion, notamment, deux officiers généraux très directement impliqués, l’un, dans  différents coups montés et procès bidon visant à jeter des personnes « connues » aux oubliettes, l’autre dans de nombreux massacres de personnes « inconnues » accompagnés de disparitions de cadavres : le général*** et le général Nyama, Commissaire de la Police Nationale Luabongaise/Ville-duché d’Expo
Ces responsables de multiples désordres publics se sont évidemment, comme d’habitude, chargés de mener  l’enquête
- Sur leur propres turpitudes et agissements en marge de la loi ?
- Meuuuunon ! Les questions que se posent les différents « services » sont uniquement de savoir d’où vient la fuite, qui a vendu la mèche, quelle est cette « main noire qui ne se cache plus et qui s’active à déstabiliser les institutions du Luabongo » et quels sont ces prétendus riverains et habitants de la Maluku qui ont dénoncé au Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) le travail bâclé opéré par quelques instrumentistes mal inspirés au cimetière de Fula-Fula et comment faire en sorte que ça ne se reproduise plus jamais et, à cet effet, que les accusateurs soient définitivement réduits au silence…
Pour leur part, au niveau du Grand Conciliabule, Shabbo, le constitutionnaliste félon et sorcier régalien chargé de l’Intérieur et de la Sécurité et Tshaku (très fâché contre "batu oyo bazopanza sango ya liwa ya lokuta"), 
le menteur public et sorcier régalien chargé de la mobilisation, de la propagande et  de l'animation politique et porte-parole du Grand Conciliabule (un émule de Goebbels et disciple d’Edward Bernays), ont  fini par accorder leurs violons avec M'Bweta, alias Corbillard, le nouveau sorcier régalien en charge de la Justice et surveillant général des prisons et des bagnes de la République.
Ils ont maîtrisé leur communication, cessé de patauger et de se contredire et expliqué que les morts avaient été enterrés de nuit… parce que les instrumentistes réquisitionnés à cet effet «craignaient pour leur sécurité et avaient peur d’être agressés par des riverains » et que les enterrements collectifs… étaient « un exercice sanitaire de routine »  (ainsi est-il écrit dans le Rapport du 12 avril 2015 précité), « une pratique ordinaire et courante dans une ville de 10 millions d’habitants dont la plupart vivent dans le plus grand dénuement » et ils ont ce faisant, à leur estime, fourni à l’ opinion publique, tant nationale qu’internationale, toutes les explications utiles et tous les apaisements nécessaires tandis que les chiens (infestés de poux)  de la presse nationale ou internationale, les rats (infestés de poux) de l’opposition politique ou de la société civile,  les corbeaux (infesté de poux) des ambassades étrangères et les vautours (infestés de poux) des organismes de défense des droits de l’homme ont été invités à visiter le morgue centrale de la ville-duché d’expo…  mais se sont vu refuser l’accès du site de Fula-Fula : interdiction d’exhumer, de fouiller et de remuer les ordures nationales et souveraines, oh !

Du point de vue des autorités sorcières, l’affaire est donc à présent terminée. Le dépotoir, la déchetterie humaine,  la décharge publique ou le charnier a été rebaptisé « fosse commune » puis  promu au rang de « tombe commune » et le terme « indigent » a même été rayé du vocabulaire des sorciers.
Le débat étant déclaré clos, c’est le moment de déployer son mètre pliant, de prendre des mesures, d’opérer des prélèvements, de réviser ses tables  et de sortir sa calculette, non ?

Oublions donc les massacres supposés.
Oublions aussi qu’un système sorcier fabrique à tour de bras des « indigents » et tous consorts (non-identifiés, abandonnés ou  morts-nés) et qu’il produit un nombre incalculable de détritus et d’épluchures humaines auxquels il est incapable d’attribuer un nom et de donner une sépulture digne.
Contentons-nous de poser benoîtement quelques petites questions tout à fait innocentes. Et sollicitons, à cet effet,  l’intervention d’In Koli Jean Bofane, maître en personnages épicés et relevés : qu’il intercède auprès du héros d’un de ses principaux dossiers, Célio Mathématik, et qu’il l’invite à reprendre du service et à m’aider
- J’aime RIIR et j'aime écrire, mon frère,  mais je n’ai jamais su calculer !
à formuler, dans le langage des chiffres, des questions claires et précises  et à désembrouiller un certain nombre de problèmes d’arithmétique, d’espaces ou de superficie, de volumes ou de pourcentages

Mes petits problèmes, les voici donc (en vrac, exposés maladroitement par une personne qui ignore tout de l’art du calcul), tels que je les soumets à l’expertise de Célio Mathématik:

Premier petit problème (de surface ou de volume, ça relève des mathématiques ou de la géométrie, non ?).

A quelle profondeur a-t-on dû creuser un charnier que le Rapport du 12 avril 2015 précité déclare être long de 3,48 mètres et large de 3, 45 mètres… Un carré presque parfait !, pour y installer confortablement 421 morts ? Et qui a été chargé de creuser le trou, répondant à quels ordres,  avec combien d’hommes, quand et à l’aide de quelles excavatrices ? Pourquoi ledit Rapport ne fournit-il aucune information sur les instrumentistes, leur nombre, leur uniforme, leurs véhicules, leurs armes ou sur la profondeur du charnier ?
Comment a-t-on réussi, sur une surface de 3,48 mètres x 3, 45 mètres et dans le respect des dispositions de quelques vieux textes toujours en vigueur, à enterrer chaque corps dans une sépulture séparée dont le distance en site urbain est de trente cm entre deux sépultures et d’un mètre en milieu rural.
Quelles techniques modernes de compactage
- Il ne suffisait pas de creuser et de déverser dans la décharge, il fallait encore imbriquer, piler, tasser ou concasser ? Et asperger le compost de « roundup», pour éviter que les carcasses humaines ne se transforment en carcasses d’hippopotames ?
a-t-on utilisées pour contourner les dispositions obsolètes, discriminatoires  et manifestement teintées d’une idéologie coloniale rétrograde  de l’ordonnance du 14 février 1914, sur le service des inhumations et police des cimetières ?




Et de l’ordonnance du 4 septembre 1909 sur les cimetières dans les villages indigènes ?



Comment évaluer mathématiquement l’efficacité de ces nouvelles techniques et procédures en termes de bonne gouvernance, de modernité et d’économie d’échelle ?
A quel espace chacun des corps du charnier de Fula-Fula aurait-il mathématiquement pu prétendre dans chacune des hypothèses suivantes :
- un charnier de 3,48 mètres x 3, 45 mètres ayant un mètre de profondeur
- un charnier de 3,48 mètres x 3, 45 mètres ayant  cinq mètres, de profondeur
- un charnier de 3,48 mètres x 3, 45 mètres ayant  dix mètres, de profondeur
- un charnier de 3,48 mètres x 3, 45 mètres ayant  vingt mètres, de profondeur, etc ;
Comment calculer tout ça ? Quels éléments faut-il prendre en compte (le poids, l’âge, le sexe, les croyances religieuses ou les opinions politiques, la taille, le volume, l’état de décomposition des différents cadavres…) pour effectuer ces calculs ?

Deuxième petit problème (mais sans doute ce problème relève-t-il plus de la chimie ou de la magie que des mathématiques)

Dans un article de Marcel Tshishiku, intitulé « Face aux députés, Shabbo plus jongleur que convaincant » (in La Tempête des Tropiques du mardi 14 avril 2015, page 2),  il est relevé que M'Bweta, le sorcier régalien en charge de la justice a, le lundi 13 avril, devant la chambre basse du parlement, « reconnu la mort d’un des compagnons d’Eddy Kapend survenu au lieu de sa détention et dont le corps a été retrouvé dans le site de Fula-Fula à Maluku» et précisé que « ce corps a été remis à la famille de l’illustre disparu » et que « les résultats de l’autopsie sont attendus »
Ah bon ?
Quand, où et de quoi est-il mort, ce « compagnon d’Eddy Kapend » ? Comment s’est-il retrouvé ou a-t-il été glissé subrepticement dans un charnier qui, apparemment, ne le concernait d’aucune manière ? D’où vient cette erreur de casting, d’aiguillage ou d’orientation ? Quel sorcier a autorisé l’ exhumation de ce corps particulier tout en refusant l’exhumation des autres ? Pour quelles raisons et à la requête de qui ? Qui a procédé à cette exhumation en présence de quels témoins ? Comment a-t-on réussi à identifier le corps particulier du « compagnon d’Eddy Kapend » au milieu d’un tel magma général de cadavres agglomérés et comment a-t-on pu l’exhumer sans bousculer quelque peu les autres cadavres ? Des prélèvements d’ADN ont-ils été effectués à cette occasion ? Qui a réclamé l’autopsie de ce corps dévoyé ? Qui l’a réalisée ? Les résultats de cette autopsie ont-ils été rendus publics ?
Mais la véritable question que tout le monde  se pose est évidemment  la suivante : le chiffre 1 est-il plus fort que le chiffre  421 ? Un seul margouillat noyé dans une grande calebasse de malafu  peut-il en gâter tout le contenu, empoisonner le vin, faire tourner le lait, la mayonnaise  ou le pili-pili… et rendre définitivement suspectes les assurances et déclarations officielles de membres éminents du Grand Conciliabule ? Ne suffit-il pas à jeter la suspicion sur l’ensemble du lot ? Un seul corps irrégulier qui aurait été glissé, malicieusement ou par inadvertance, dans un tas de cadavres tout à fait « réguliers »… Ata seraient-ils « indigents » et tous consorts !, n’en cacherait-il pas une multitude d’autres ? N’y aurait-il pas d’autres « inciviques » ? Comment calculer ça ? C’est un problème de calcul de probabilités ? 
Troisième petit problème (relevant de la statistique plutôt que des mathématiques).

On vient à peine de « procéder à l’inhumation » de 421 corps en date du 19 mars 2015 qu’on nous annonce déjà, moins d’un mois après, une prochaine fournée : d’après le Rapport du 12 avril 2015 cité plus haut, « la Morgue Centrale de la ville-duché d’Expo (alias Mboki, Mboka ya ba Ndoki)) informe ce jour du 10 avril 2015 à 20 heures locales la présence dans ses installations de 172 corps d’indigents et autres qu’il va falloir enterrer dans les prochains jours[ii] »
C’est mistik, non ? Comment interpréter ça ?
Une grave épidémie de morts par indigence survenue entre le 19 mars et le 10 avril ? Une nouvelle attaque du virus d'Ebola ?
Par ailleurs, Jacques Nsthula, dans un article intitulé « Morgue centrale d’ Expo - Déjà trois-cent vingt corps depuis le 19 mars dernier» ( Le Maximum  du mardi 14 avril 2015, en page 5), rapporte que d’après le directeur de cette institution, Victor Nvengo, la morgue centrale d’Expo, ayant une capacité d’accueil de 310 places, reçoit mensuellement pour conservation une moyenne de 622 corps par mois  représentant, d’après les statistiques officielles :
- 82 % de personnes bien identifiées
- et 18% de personnes « autres » comprenant :
    * 2% d’indigents
    * 8 % de « morts-nés et macérés » ( ?)
    * 3,5 % de personnes non-identifiées par manque de pièces d’identité
    * et 6,5% (« le reste »)  de personnes abandonnées
Célio Mathématik  pourrait-il m’expliquer, dans le cadre d’une approche statistique comparative, pourquoi dans la fournée des « autres » du 19 mars 2015, le pourcentage de morts-nés est considérablement plus élevé que celui renseigné dans les statistiques officielles ? Comment justifier cette croissance tout à fait surprenante ?
Pourrait-il également , dans le cadre d’une approche statistique comparative, m’expliquer comment, dans la prochaine fournée des « autres », celle qui a été annoncée dans le Rapport du 12 avril 2015 cité plus haut (172 à enterrer dans une « tombe commune » sur 320 corps déposés à la morgue à la date du 10 avril), le pourcentage des « autres »  (les« indigents » et tous consorts : non-identifiés, abandonnés ou  morts-nés) soit subitement passé de 18% , pourcentage figurant dans les statistiques officielles, à 54 % (172 sur 320) ? Comment expliquer cette autre croissance absolument fabuleuse ? Ne devrait-on pas s’en étonner ?
Et ne devrait pas s’étonner enfin, toujours dans le cadre d’un approche statistique comparative, qu’une morgue ayant avec une capacité d’accueil de 310 places ait pu, à la veille du 19 mars 2015, contenir 421 morts d’ « indigents » et tous consorts (à savoir les morts dont les corps ont été précipités nuitamment dans le charnier du cimetière de Fula-Fula), en sus des morts « identifiés » qui  séjournaient normalement  dans ladite morgue et qui, statistiquement parlant, auraient dû représenter à eux seuls 82 % des corps entreposés ? Comment calculer ça ?

Voilà ! C’est mistik, non ?  Il y a de quoi sortir sa calculette et de faire appel à un maître en calculs et pourcentages, non ?
J’ai toujours été incompétent en sciences, qu’il s’agisse d’arithmétique
- Je te l’ai déjà dit, mon frère : j’aime écrire et RIIIR... et je déteste calculer ! Les calculs et les chagrins me font gerber !
d’espaces ou de superficie, de volumes ou de pourcentages et je souhaiterais donc vivement que  ton personnage, Celio Mathematik, m’explique tout ça bien-bien et surtout, après m’avoir aidé à mieux formuler mes questions, qu’il me fournisse un corrigé avec des solutions types, opposables à tout le monde …

Pour sa gouverne et afin de l’épauler dans ses recherches (bien que je doute que ces quelques considérations de politique répressive générale du système sorcier puissent aider à formuler et à résoudre de simples problèmes de calcul), je signale à Celio Mathematic que, en matière de gestion des réfractaires et des résistants, les sorciers, les  « services » et les crapuleux, opèrent habituellement une distinction entre, d’une part, les personnes « connues » et, d’autre part,  les personnes « inconnues » ou, plus exactement, les personnes qui ne sont connues que de leurs proches : parents, époux ou épouses et autres partenaires sexuels, lifanto et koko, amis et collègues, co-locataires et voisins, vendeuses de pétrole et dealers de cartes téléphoniques prépayées…
Les « connus », on les enlève, on les brutalise puis on leur fait des procès bidon et on les jette aux oubliettes. Les faire disparaitre purement et simplement ne peut en effet que provoquer des emmerdes (on l’a bien vu dans l’affaire de l’assassinat de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana) si bien que les « services » admettent à présent, mais ce principe souffre de nombreuses exceptions, qu’il vaut mieux agir avec plus de doigté.
En sus des bien-connus et bien-identifiés et il y a tous les « autres »… nés et morts au taux du jour, sous une mauvaise étoile, morts d’être nés dans un système sorcier, personnes sans identité valable ou autorisée qu’on peut ranger impunément dans la catégorie des « indigents » et tous consorts (non-identifiés, abandonnés ou  morts-nés).
Ces autres-là, on ne doit pas leur faire de procès coûteux, il suffit de les faire disparaître et de s’arranger pour que personne ne sache ce qu’ils sont devenus. Ces disparus sont nombreux et se comptent par centaines… ou par milliers. Ce sont tous les hommes, femmes et enfants qui ont été liquidés par les corps habillés en bleu et en kaki, les Leni (ex-PIR) et les  Bana Mura de la Garde Spéciale Présidentielle (GSP) ne recevant d’ordres que de la haute Hiérarchie, ou par les agents des "services". Et ce n’est même pas la peine de se rendre à l’est du pays, dans les duchés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ou les comtés de l’Ituri ou du Tanganyika, pour rencontrer ces autres-là, il suffit de se rappeler et d’examiner ce qui se passe et ce qui s’est passé ces dernières années dans la ville-duché d’Expo (alias Mboki) et dans les duchés environnants. C’est ainsi qu’on recensera, notamment, parmi les inconnus « disparus » et  enterrés probablement dans des charniers qui restent encore à découvrir, de nombreux adeptes de Bundu dia Kongo, des officiers de l’Equateur enlevés au camp Tshatshi,  des militants de l’UDPS arrêtés lors de différentes  manifestations, des « djeuns » chômeurs appelés kuluna, des adeptes du pasteur Mukungubila, des manifestants de janvier 2015… de même que d’innombrables personnes isolées, assassinées en secret et dont les corps n’ont jamais été retrouvés... 


*
*   *


Une fausse histoire vraie enfin pour terminer ma lettre sur une note plus amusante ?

En voici une qui circule dans la ville-duché d’Expo  (dans un système sorcier où l’exercice de la liberté d’expression est constitutif des infractions de propagation de faux bruits, de propagande subversive et d’incitation à la désobéissance civile, il est de salubrité publique de lancer des histoires et de créer des légendes ou d’imaginer des paraboles …  à condition de ne pas se faire choper par  les « services »), une histoire qui est bien dans l’air du temps :

Profitant des dernières heures de la nuit, alors que tout le monde… Même  les pleureuses !, s’était endormi, un cadavre exposé à la place YMCA, à Matonge (1.500 dollars pour le grand espace, moins cher que l’espace Beau Vent situé derrière le Palais du Peuple et dans le même ordre de prix que l’Assanef à Lingwala) a disparu de son cercueil, en pleine nuit, pendant  la veillée mortuaire.
Une cavale audacieuse ?
Une disparition malicieuse ? Le corps avait-il été placé dans un cercueil gigogne, fait dans le bois dont on se sert pour fabriquer les armoires ou les pirogues à évasions : le bois d’un arbre millénaire, celui qui se déplace sur des béquilles (en s’appuyant sur ses racines adventives, disent les scientifiques qui n’ont pas le sens du mistik) et dont on dit qu’il serait même capable de couvrir un hectare ou de parcourir un kilomètre en moins d’un siècle ?
Ou s’agissait-il encore d’un mauvais coup perpétré par les « services » ? Avec le concours des Bérets noirs, des Bana Mura ou des robocops de la Légion Nationale d’Intervention (LENI) installés sur  l’avenue de la Victoire ?
Le cercueil avait été refermé par un proche vers quatre heures du matin et c’est en le rouvrant une dernière fois pour arranger le corps avant le départ pour le cimetière de Kimbanseke (officiellement fermé mais où on continue néanmoins d’enterrer des gens) ou au cimetière de Mikonga à Nsele (officiellement fermé mais où on continue néanmoins d’enterrer des gens) qu’on a pu constater  que le défunt avait disparu.
Sauve-qui-peut !
Tout le monde a fui, fui, fui ! 
- Comme Seskoul ?
- E bongo ! 

Même la famille et même les corps habillés en bleu d’un commissariat de quartier qui rôdaient aux alentours du matanga à la recherche d’un délit à opérer ou d’une infraction juteuse à juger séance tenante dans un recoin obscur  (et d’une amende transactionnelle,  libératoire et privée, dont les contrevenants sont alors pressés de s’acquitter sur le champ)
Finalement, c’est une courageuse équipe de la Croix-Rouge qui est venue récupérer le cercueil et qui l’a acheminé jusqu’au parquet où il a immédiatement été arrêté et placé au cachot.

Dans une autre version de la même histoire, le corps s’est échappé du cercueil au moment même de l’arrivée du cortège au cimetière de la Gombe (officiellement fermé mais où on continue néanmoins d’enterrer des gens) ou de Kintambo (officiellement fermé mais où on continue néanmoins d’enterrer des gens), provoquant une panique et une débandade généralisée… tandis que quelques shégués, kuluna et clébards de Lingwala ou du quartier Jamaïque se sont élancés courageusement à la poursuite du fugitif, dans les hautes herbes, blasphémant, vociférant et aboyant,  trébuchant sur les croix, percutant les tombes ou tombant dans des fosses nouvellement creusées…  et lorsqu’ils sont finalement parvenus à attraper leur proie et alors qu’ils s’apprêtaient à la mettre en pièces et à la dévorer, la dépouille mortelle s’est subitement transformée en varan des savanes et a crié son innocence : Je ne suis pour rien dans cette histoire, ce sont les « services » ! Le cercueil était vide lorsque je m’y suis installé ! 


C’est mistik, non ? Comment interpréter ça ? Retrouvera-t-on jamais un corps ainsi subtilisé ? Dans quel charnier ?

Arrête de ricaner, mon frère et rappelle à ton personnage Célio Matemona, alias Célio Mathématik que j’attends de lui, avec impatience, qu’il me formule dans la langue des chiffres les petits problèmes d’arithmétique, d’espaces ou de superficie, de volumes ou de pourcentages que j’ai tenté maladroitement de lui exposer et qu’il me fournisse aussi un corrigé avec des solutions types, opposables à tout le monde …




*
*   *



Ici, au Luabongo, mon frère, les sorciers, les « services » et les crapuleux ont refusé à mes amis Mopoie et Bangazegino le bénéfice de la loi d’amnistie. Ils ont continué d’arrêter les résistants à l’arbitraire et de nombreux dirigeants de l’opposition politique.
Tous étaient coupables d’avoir irrité la Haute Hiérarchie, mis en cause le Sorcier en chef lui-même ou critiqué l’Autorité Morale…
Sont apparus alors Christopher Ngoyi et les résistants de la société civile et, plus encore, tout un peuple qui s’est soulevé courageusement.
Tous se sont opposés au coup d’Etat constitutionnel monté par le système sorcier pour assurer sa perpétuation !
On a tiré dans le tas et on a tué des dizaines de personnes. Et on a arrêté Christopher Ngoyi … Pour l’exemple ! En attendant de pouvoir arrêter également tous les autres « meneurs » 
! Même ceux qui, le 19 janvier 2015, avaient été séquestrés par des corps habillés en bleu et en kaki aux sièges de leurs partis, rue de l’Enseignement,  à partir de 1h du matin et qui n’avaient été « libérés » que vers 16h30, les Kamerhe, Fayulu, Diongo, etc !, et on a accusé Christopher Ngoyi d’avoir organisé les Trois Sanglantes du mois de janvier et d’être responsable  de toute une série d’infractions aussi fantaisistes qu’invraisemblables…
Sont alors apparus au grand jour, avec une plus grande visibilité qu’avant, différents mouvements « informels » qui se sont constitués ces dernières années et qui ne se réclament ni des ong subventionnées, ni des caciques de la société civile. La plate-forme Filimbi a ainsi été lancée à Masina Sans Fil, le 15 mars 2015 avec, notamment, Fred Bauma, Yves Makwalamba et Sylvain Salukeke… Et des jeunes activistes du mouvement citoyen « Lutte pour le Changement » (Lucha) se sont également manifestés à Goma  avec, notamment, Mulume Zahiga Jeancy, Trésor Akili Kahiwa, Sylvain Kambere et Vincent Kasereka…
On les a arrêtés aussi, tous ces « anarchistes djihadisants aboubés par l’Occident » ou ces « enfants d’anciens barons du Mobutisme », dans le cadre d’une enquête dite «  sécuritaire », tous accusés par les « services » de tentative d’insurrection, etc…

Et voici à présent
- La coupe est pleine, Patron ! Il faut faire quelque chose !
- Affirmatif !

que même les « indigents » et tous consorts (non-identifiés, abandonnés ou  morts-nés) s’en mêlent et que les enterrés en vrac du 19 mars au cimetière de Fula-Fula se réveillent en avril, s’agitent dans tous les sens et nous emmerdent effrontément !  Ça ne s’interrompra donc jamais ? Les ennuis et les contrariétés se succèdent et il est temps de frapper un grand coup avant que la situation ne dégénère complètement ?

Ce sacré foutu bordel commence, en effet,  à énerver sérieusement le système sorcier et à lui compliquer l’existence…
On ne peut pas, en effet, arrêter tout le monde, indéfiniment. Ni jeter tous les réfractaires et résistants aux oubliettes jusqu’à ce qu’ils meurent par empoisonnement, mauvais traitements ou défaut de soins. Ni les enlever tous, les torturer tous et les faire disparaître tous, déverser et entasser leurs corps
 dans une nouvelle décharge publique, un nouveau  site d’entreposage de déchets organiques…
- Et pourquoi pas, Patron ? Ils sont vraiment trop  nombreux ?
- Affirmatif ! C'est chelou ! Et, en plus, on doit maintenant faire preuve d’une grande prudence : tout le monde nous regarde !
- On fait quoi alors ? Quelle est votre vision, Patron ? Guidez-nous !
- Que suggèrent nos « services » et nos fidèles crapuleux ?
- Les philosophes-conseils de vos « services » préconisent d’ouvrir de nouveaux  camps de tri et d’internement à l’intérieur du pays, Patron. Et d’extraire  les prisonniers politiques de l’Université de Makala… Ceux qui n’arrêtent pas de déranger, reçoivent des visiteurs, continuent de nuire et de résister, de s’exprimer et de critiquer le système sorcier!,  de les mettre au secret dans différentes prisons éloignées des grandes villes et difficiles d’accès (et, notamment, à la prison souterraine de Luzumu qu’on est en train de réhabiliter à cette fin), loin de leurs familles et de leurs proches, loin de leurs amis et collaborateurs, loin de leurs avocats, loin des défenseurs des droits de l’homme et de la presse.
- Et nos fidèles crapuleux, que disent-ils ?
- Vos fidèles crapuleux, Patron, suggèrent de rajouter une bonne grosse couche de morts dans les cimetières existants.  A condition toutefois de les répartir plus équitablement (et  par petits groupes de 20 à 30) entre tous les cimetières de la ville-duché d’Expo, ceux qui sont déjà fermés ou ceux qui sont encore en activité…
- Ouais mais,  dans le contexte actuel, ça ferait plutôt mauvais genre, non ? C'est peut-être un piège ! C'est chelou ! Il ne faudrait pas oublier que nous sommes sous surveillance ! Que me proposent-ils encore, ces fidèles crapuleux, eux qui ne sont jamais à court d’imagination et de références historiques ?
- En second choix, vos fifèles crapuleux préconisent de procéder à la crémation ou à la dissolution chimique des cadavres, comme les Noko l’avaient fait dans le temps pour se débarrasser des corps de Lumumba, Okito et Mpolo ! Ou de les liquider au fusil-mitrailleur et de les jeter dans le fleuve ! Ou de les précipiter du haut d’un avion, sans parachute ni bouée, en pleine mer ou au-dessus d’un lac ou de la forêt ! Ou de les « crasher » ou de les « accidenter » ou de leur « injecter une dose mortelle de malaria »! Comme au bon vieux temps de Mobutu, de Nendaka,  de Manzikala, de Bolozi, de Baramoto, de Nzimbi, de Bolamba (le voleur de patronyme) ou de Ngbanda ! Ou encore, en dernier recours et à l’extrême rigueur mais de façon beaucoup plus économique et respectueuse de l’environnement, d’envoyer tous les réfractaires et résistants mourir tranquillement de faim au centre de cantonnement de Kotakoli !  Ça prendra plus de temps, Patron, mais c’est assez efficace et ça ne laisse pas trop de traces !

Ici, au Luabongo, mon frère, les réfractaires, les résistants et les simples citoyens continuent de vivre et de mourir au taux du jour.
Du cachot aux oubliettes ou de la morgue au charnier !
Ça pue l’essence dans toutes les campagnes et dans tous les quartiers  et on se demande seulement quelle sera l’étincelle :
-  les élections à différents niveaux que les sorciers, les « services » et les crapuleux essaient de reporter… et qu’ils s’apprêtent déjà à boutiquer ?
- le démantèlement des grands-duchés et de certains duchés pour satisfaire aux exigences d’une clientèle de petits prédateurs locaux[iii]  et le foutoir général que ce changement institutionnel non-programmé ne manquera pas de provoquer ?
 - les oubliettes qui sont à deux doigts d’exploser et les charniers menacés par des têtes d’érosion et qui débordent de toutes parts ?
- le chômage, la faim et la mort pour tous dans un système organisé au bénéfice de quelques-uns ?


Kinshasa, le 22 avril 2015

Ton Vié


(tu peux me retrouver comme d’habitude
sur : http://sosecra.blogspot.be/ et la fête battra à nouveau son plein et on sera pris d’un RIIIR triomphal, jubilatoire, magique et dévoreur, emportant tout sur son passage : les sorciers, les « services » et les crapuleux)

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[i]  Expo : abrégé de « ex-Poto moyindo ». D'après la chanson « Nzila ya Ndolo » du musicien brazzavillois Antoine Moundanda (1954), laquelle commence par " Poto-Poto mboka monene, Solo Kinshasa Poto moyindo " (Poto-Poto est grand, mais Kinshasa est la métropole noire, l'Europe noire) et dans laquelle l'auteur met en garde contre les mirages de Kinshasa… pouvant mener à la prison coloniale de Ndolo !
Kinshasa, alias Lipopo, appelée aussi Kin-la-belle.
 
C’était il y a longtemps, tango ya ba Wendo…  quand Kinshasa était encore un « village » qui ne comptait guère plus de 300.000 habitants (contre près de 10 millions aujourd’hui), que Marie Louise Ngelebeya Mombila
  (dite Maman Kanzaku) travaillait à la RCB et qu’Adu Elenga (un copain d’Antilope… Mbanda na ngai !) composait et chantait « Ata Ndele Mokili Ekobaluka »… et devait se cacher dans une armoire fantastique ou une pirogue aux propriétés magiques pour éviter d’être enfermé à la prison de  Ndolo… et finissait par échapper à la surveillance des indicateurs des « services » de la colonie (les anciens de la Force Publique : Mobutu, etc), se volatilisait et réapparaissait, quelques temps après, à Brazza, de l’autre côté du fleuve Luabongo, sain et sauf, libre.

[ii]  En fait, 188 nouveaux corps ont été enterrés en grande pompe, en présence d’autorités de journalistes et de photographes,  au cimetière de Fula-Fula, le lundi 20 avril : « 85 adultes et 103 fœtus et morts-nés ». Plus d’une centaine de tombes avaient été creusées, de plus ou moins un mètre et demi de profondeur, distantes les unes des autres d’au moins un mètre. Les morts avaient été placés dans 104 caisses en bois : « un cercueil par adulte et 5 fœtus par cercueil » (cf, notamment, Le Maximum du 21 avril 2015 titrant en manchette, sans vergogne : « Enterrement collectif des indigents - Fulafula entre dans l’histoire »)
Ces nouveaux « cas de cadavres »  auront donc été traités de façon moins indigne et enterrés de façon plus respectueuse ou, à tout le moins, plus « confortable » que les morts du charnier du 19 mars.

[iii] Démantèlement des grands-duchés et mise en place au forceps de nouveaux organes délibérants et exécutifs (et de cabinets pléthoriques!) budgétivores, réclamés par des prédateurs locaux disposés à faire allégeance à la Haute Hiérarchie pour autant qu’ils soient  admis à se rassasier de la chose publique. Et les sorciers proconsulaires « élus » ainsi placés à la tête des nouveaux duchés et les « sorciers prébendiers ducaux » (sous-régaliens ou sous-feudataires) qui seront appelés à les assister ne pourront mener le « train de vie » auquel ils estiment pouvoir prétendre qu’en rackettant les entreprises, en ponctionnant les crédits de rémunération des enseignants et des  fonctionnaires et en pillant les crédits d’investissement. Se dirige-t-on vers une espèce de « zaïrianisation » de l’administration des anciens comtés au profit de quelques acquéreurs ? 






Ndlr : Vous êtes perdu(e)s ?
Et vous vous demandez où trouver un plan de la ville, un menu de la semaine ou une table des matières quelconque… et comment avoir accès à chacune des différentes séries de séquences du buku « sorciers, services et crapuleux » ?
Problème ezali te, cliquez sur : http://sosecra.blogspot.be/








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